Les Enfants, Richesse du Mariage (Le Laurier, Paris, 1993)

            [Les biens, les valeurs du mariage sont ainsi énoncées par L'Église: la fidélité, l'indissolubilité et les enfants. La conscience qu'il s'agit de biens désirables, qu'il est naturel de vouloir, s'est assez obscurcie aujourd'hui. Mgr Burke, auditeur du Tribunal de la Rote à Rome, a eu l'ingénieuse idée de rappeler qu'il s'agit réellement de biens, de bonnes choses, qu'il est naturel de vouloir et qu'il serait anormal d'exclure.]

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            Dans les demandes d'annulation de mariages qui parviennent au Saint-Siège, le défaut de vrai consentement est l'une des raisons souvent invoquées: l'un des conjoints aurait, au moment du sacrement, exclu secrètement ou explicitement, l'un des trois biens traditionnels du mariage. Ces trois valeurs sont; le bonum fidei, c'est-à-dire la fidélité à une personne donnée: l'union conjugale est unique ; le bonum sacramenti, c'est-à-dire la permanence du lien conjugal: l'union est indissoluble ; enfin le bonum prolis, c'est-à-dire la progéniture; l'union est ouverte a son possible fruit.

            Comme il y a un aspect d'obligation dans chacun de ces biens ou valeurs, on conçoit que les juges ecclésiastiques - dont je suis - s'attachent à déterminer si la personne concernée a réellement accepté ces obligations en se mariant.

            Mais si l'on met trop l'accent sur le caractère obligatoire de ces biens, le risque n'est pas mince - l'obligation étant généralement jugée pesante - que l'exclusion de la fidélité, de l'indissolubilité ou des enfants soit considérée comme prévisible et, somme toute, naturelle.

            Or cette exclusion est surprenante précisément parce qu'elle n'est pas naturelle ! Elle n'est pas naturelle parce qu'il n'est pas logique de refuser les obligations ou les responsabilités qui accompagnent nécessairement l'acquisition d'un bien. Au contraire, plus le bien acquis en vaut la peine, plus il compense par lui-même le poids qu'il entraîne.

            Par exemple, l'achat d'une voiture implique son entretien et le respect du code de la route ; pourtant la plupart des gens considèrent qu'avoir une voiture est une bonne chose malgré les charges correspondantes, et qu'ils s'enrichissent par l'acquisition d'une, deux ou trois voitures s'ils peuvent les maintenir.

            Remercions Dieu d'avoir inspiré à saint Augustin l'heureuse idée de décrire les éléments essentiels du mariage comme des «bona», des biens, des choses bonnes! Remercions Dieu que Jean Paul II ait parlé de l'indissolubilité du mariage comme de quelque chose d'heureux, que les chrétiens annoncent au monde : «Il est nécessaire de reconfirmer la bonne nouvelle de la nature définitive du lien conjugal» (Familiaris consortio, 20).

            La fidélité et les enfants sont des biens et l'indissolubilité est une grande nouvelle! Ce qu'enseignent l'évêque d'Hippone et le pontife romain doit faire réfléchir: la réflexion ainsi conduite amènera sans doute à (re)découvrir qu'il fait midi en plein jour... Il est vital pour l'avenir du mariage et de la famille que les bona matrimonialia, les biens du mariage, soient pris pour ce qu'ils sont, exactement de bonnes choses.

            Chacun de ces biens en est vraiment un, parce qu'il contribue efficacement non seulement au bien de la société, mais aussi à celui des époux; grâce à eux, ils s'épanouissent, ils mûrissent leur amour. Les époux s'améliorent, ils deviennent davantage maîtres d'eux-mêmes, plus généreux, ils grandissent dans l'amour. Ceci, faut-il le souligner, est le bien ultime que nous devons tous rechercher et développer: la capacité d'aimer.

            Comment comprendre vraiment que ces biens sont de bonnes choses, qu'ils sont désirables, qu'il est naturel de les vouloir.

            Naturel? Oui, parce qu'ils correspondent à la nature de l'amour humain. L'homme trouve toujours quelque chose de profondément bonne à l'idée d'un amour: 1) dont il est l'objet privilégié et unique ; 2) qui durera toute sa vie ; 3) à travers lequel il est co-créateur et peut se perpétuer (et perpétuer plus que lui-même, comme nous le verrons peut-être une autre fois). En raison, précisément, de la valeur qu'il trouve à ces biens, il n'est pas naturel à l'homme de les craindre; il est bien au contraire naturel de les rechercher et de les accueillir.

            Il est naturel de vouloir que le lien conjugal soit exclusif, permanent et fécond. Il n'est pas naturel d'exclure l'un de ces trois éléments. Examinons cela d'un peu plus près.

            La fidélité, l'exclusivité de l'amour, est un bien, car cela comble le cœur humain de pouvoir dire: «Tu es l'unique». C'est bien là la première affirmation, tout à fait personnelle, de l'amour conjugal. C'est en plus l'écho des paroles que Dieu adresse à chacun de nous : «Tu es à moi» (Is 43, 1).

            L'indissolubilité est un bien; à la manière d'une demeure stable et confortable, d'un refuge: c'est le bien de savoir que cette appartenance réciproque, c'est du solide. Que cela exige parfois des sacrifices, tout le monde s'y attend; nous sommes ainsi faits, et tout le monde sent que cela est aussi un bien. Il est naturel pour le cœur humain, dit Jean Paul II, d'accepter les exigences, même faites au nom de l'amour pour une personne. Refuser la permanence de la relation conjugale est la réaction d'une tête et d'un coeur curieusement faits!

            Le troisième bien, c'est le bonum prolis, la progéniture, les enfants. La mentalité contraceptive, à laquelle l'encyclique de Paul VI Humanae vitae veut porter remède, pourrait bien être un mal fait à tout l'Occident. Les discussions ou les divergences de vues sur la moralité des techniques de contrôle de naissances ne touchent pas au coeur du sujet. Il ne s'agit là que d'un aspect du tableau d'ensemble.

            Le mal véritable c'est que l'Occident en vient à considérer la limitation du nombre des enfants comme un bien. Il ne voit pas qu'il s'agit, en fait, de la privation d'un bien.

            Je ne pense pas ici aux parents qui, pour des raisons de santé ou par manque de moyens, ont réellement besoin de l'aide des méthodes naturelles de contrôle et y recourent non sans regret. Je pense aux autres, qui pourraient avoir une famille plus nombreuse et choisissent librement de la limiter, sans réaliser la valeur du bien dont ils se privent. Ils préfèrent avoir moins de ces biens matrimoniaux - les enfants - , afin d'avoir davantage de biens matériels. Le style de vie - de plus en plus matérialiste - découle inévitablement de ce choix.

            Mais les biens matériels ne suffisent pas à l'harmonie durable d'un mariage; les biens matrimoniaux sont nécessaires, les enfants en premier.

            Il y a en effet quelque chose de profondément bon dans l'aspect sexuel de l'union conjugale, ce qui fait son caractère unique. Ce n'est pas tant le fait de partager un plaisir qui est (ou n'est pas) sans pareil, mais le fait de posséder un pouvoir qui résulte de la complémentarité des sexes, et qui est certainement unique: le pouvoir de donner le jour à une vie nouvelle. L'homme et la femme ont normalement un désir profond d'une telle union sexuelle et ce désir-là est profondément enraciné dans la nature humaine.

            Il est important de souligner aujourd'hui, dans toute sa plénitude, le caractère personnel de ce désir naturel, qui va bien au-delà du désir d'affirmer ou de se perpétuer.

            Quant à l'acte sexuel contraceptif entre époux, il peut n'être qu'affirmation de soi: chacun ne recherche alors que soi-même; il ne trouve ni ne connaît vraiment l'autre, pas plus que quand il ne se donne pas vraiment à lui. Un vrai rapport conjugal, ouvert à la vie, c'est une affirmation d'amour de par sa nature même. Ce rapport affirme un mutuel amour conjugal et un réel don de soi, précisément dans le caractère unique et la grandeur du pouvoir sexuel que partagent les époux,

            Le désir de se perpétuer est aussi quelque chose de naturel, dont la valeur est très grande du point de vue de la personne humaine. Ceux des modernes qui ne comprennent pas cela ou qui ne le ressentent pas, se montrent plutôt dénaturés, dépersonnalisés. Dans le mariage, le besoin sexuel de procréer va en fait au-delà du désir de se perpétuer soi-même. Dans l'amour conjugal, ce désir naturel prend un tout autre sens. Ce ne sont plus deux moi qui veulent se perpétuer, peut-être égoïstement, mais plutôt, deux personnes qui s'aiment et qui veulent perpétuer l'amour qui les attire l'une vers l'autre. Ces êtres peuvent ainsi avoir la joie de voir leur amour s'incarner, prendre chair dans une nouvelle vie, fruit de leur connaissance mutuelle, à la fois spirituelle et charnelle (cf. Gn 4, I).

            Deux personnes qui s'aiment veulent faire des choses ensemble : choisir, ou faire, ou acheter, ou donner en commun quelque chose qui sera à eux deux parce que ce sera le fruit d'une décision et d'une action commune. Qu'est-ce qui peut être davantage propre à un couple que ses enfants? D'autres peuvent avoir une maison ou une voiture identique ou plus confortable ; personne d'autre qu'eux ne peut avoir leurs enfants.

            Le sculpteur taille dans la pierre inerte la statue qu'il a conçue. Seuls les parents peuvent créer des oeuvres vivantes, chacune comme un monument unique à l'amour créateur qui les inspire et les unit.

            A travers les monuments qu'elle érige au fil du temps, une societe conserve de grandeurs passées, afin qu'elles éduquent les générations qui se succèdent. L'amour des époux a besoin de témoins analogues. Lorsque la première ardeur s'évanouit ou peut-être disparaît, au point que les époux en viennent à croire leur amour mort, les enfants demeurent. Ils sont les témoins vivants du caractère unique, indéracinable et total du don conjugal que les époux se sont faits dans le passé quand c'était facile; ils sont aussi un rappel pressant à le poursuivre quand c'est devenu difficile.

            Dans mon travail à la Rote romaine, j'examine fréquemment des demandes de nullité alors qu'il s'agit en fait de mariages d'amour qui ont mal tourné parce que les conjoints ont délibérément retardé l'arrivée des enfants et privé ainsi leur amour conjugal de son support naturel.

            Lorsque deux êtres passent leur vie 'les yeux dans les yeux', les défauts qu'ils y trouvent finissent par leur paraître insupportables. S'ils avaient appris progressivement à veiller ensemble sur les enfants, ils découvriraient aussi les défauts de l'autre, mais ils auraient moins de temps et de raisons de les juger insupportables. Des époux ne peuvent evidemment pas surveiller ensemble une absence.

            Ces absences programmées créent une dépression au centre de la vie conjugale de nombreux couples d'aujourd'hui, et ce vide conduit bien des mariages à l'auto-destruction. Pour qu'un amour conjugal se développe, il faut qu'il soit tourné vers d'autres regards et qu'il soit regardé par d'autres yeux - beaucoup d'autres yeux - nés de lui. Bien entendu, l'amour conjugal des couples naturellement stériles, auxquels Dieu ne donne pas d'enfants, doit aussi grandir. Pour cette tache, il doit lui aussi se dévouer aux autres.

            L'amour conjugal a donc besoin du support des enfants: un ou deux peut-être ou peut-être cinq ou six. Dieu seul sait ce qui convient à chaque famille. D'où la nécessité vitale où sont les époux de considérer cette question dans la prière, s'ils veulent la résoudre convenablement. Les enfants augmentent, la force, de l'amour conjugal: ainsi résiste-t-il mieux à l'inévitable relâchement, ou même à la disparition de l'amour passion. Alors ce lien, que Dieu ne permet pas à l'homme de rompre, est de moins en moins constitué par l'inclination qui porte les époux l'un vers l'autre, ou par les sentiments changeants qu'ils éprouvent, et de plus en plus par les enfants. Chacun d'eux est un fil de plus qui vient en renfort.

            Lors de son passage à Washington, en octobre 1979, Jean Paul II rappela aux parents qu'il est certainement moins grave de priver les enfants d'avantages matériels ou d'un certain confort que de les priver de frères et soeurs qui les aideraient à devenir plus humains et à apprécier la beauté de la vie à tous les âges et sous toutes ses formes ». Que les parents qui seraient enclins à limiter le nombre de leurs enfants méditent ces mots du pape à la lumière de cet enseignement de Vatican II: «Les enfants sont le don suprême du mariage et contribuent au plus haut degré au bien des parents eux-mêmes» (Gaudium et spes, n. 50). Ce n'est donc pas seulement les enfants déjà nés, mais aussi eux-mêmes dont les tels parents peuvent priver d'«un bien» sans prix, d'un fruit incomparable de la vie humaine, celui de l'amour.

            Il n'est pas rare d'entendre dire que «la limitation des naissances ou le planning familial est d'autant mieux adapté que les couples s'ont plus instruits». Qu'on y prenne garde ou non, le fait d'accepter sans discussion une telle affirmation conduit à admettre en même temps toute une conception de la vie. Seul un système éducatif fondé sur des valeurs déterminées - plus exactement sur des non-valeurs - conduit les êtres humains à accepter facilement la limitation des naissances. Un tel système, peut-il être considéré comme chrétien, peut-on même dire qu'il soit éducatif? Newman disait, il y a cent cinquante ans, que l'homme moderne était instruit mais non éduqué. Il est formé à remplir certaines tâches correctement, mais il n'est pas formé à penser au-delà de ça.

            Quels biens choisir? Voilà ce qui est en question. Bien peu d'entre nous peuvent jouir de tous les biens de ce monde. Mais nous avons presque tous une certaine liberté de choix. Si je ne puis avoir le bien A et le bien B, je peux sans doute choisir l'un d'eux. Le choix sage, vraiment humain, se tourne vers le meilleur des biens et sait que ce choix l'enrichit: c'est le choix d'une personne bien formée. Le choix moins humain ou raisonnable porte vers le moindre bien; celui qui le fait ne sait peut-être pas qu'il se dupe lui-même et s'appauvrit. Tout cela s'éclaire à la lecture de ce passage de la sainte Ecriture: J'ai placé devant toi aujourd'hui la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction; choisis donc la vie afin que vous viviez, toi et ta postérité (Deutéronome 30,19). Pour ou contre la vie? oui ou non? il n'y pas d'autre réponse possible. Qui veut s'interroger sur les choix actuels de l'Occident?

            Apprenant que le taux moyen de fécondité était de 1,7 en Occident, un de mes amis du Kenya disait: «Les familles occidentales doivent être très pauvres si elles ne peuvent pas avoir deux enfants». Ce n'est pas une réflexion d'expert, mais ce mot va loin. On peut le compléter par un autre, qui vient aussi d'un non expert, occidental celui-là. En Angleterre j'ai fait récemment la connaissance d'un jeune ménage normal, qui désirait des enfants. Un premier bébé était né, mais une seconde grossesse longtemps attendue ne parvint pas à son terme. Le père dut expliquer à son fils qu'il n'aurait pas le petit frère ou la petite soeur tant désiré : «Tu sais, finalement maman n'aura pas de bébé». Acceptant les desseins de la Providence, il ajouta: «Peut-être est-ce mieux ainsi...». L'enfant, lui, ne fut pas aussi docile : «Mais, papa, que peut-il y avoir de mieux qu'un enfant?» Aucun planificateur ne peut prévoir ce qui se passe dans la tête des enfants; leur sagesse n'est pas le moindre des biens du mariage!

            Il n'y aura jamais rien de bien que l'Enfant né à Bethlèem il y a deux mille ans, qui partage avec tous les nouveaux-nés le bienfait de sa naissance, et qui aurait tant voulu le partager avec d'innombrables enfants qui ne sont pas nés et qui ne naîtront jamais.

            L'enfant de mes jeunes amis avait donc un juste sens des valeurs. C'est-à-dire, selon Humanae vitae, ce que les époux doivent posséder d'abord en vue d'une pratique honnête de la régulation des naissances (Humanae vitae, 21). S'ils ne considèrent pas qu'un enfant est le plus grand des biens, et celui qui les enrichit le plus, les époux ne possèdent pas ce juste sens des valeurs. Nombreux sont ceux qui ne savent plus cette simple vérité que les enfants sont le fruit le plus personnel de leur amour conjugal, le plus grand cadeau qu'ils puissent se faire l'un à l'autre, en même temps un don de Dieu à chacun d'eux.

            «Mais si nous avons un enfant de plus, nous serons tous moins à l'aise¼  » Vous pouvez difficilement dire que l'enfant refusé sera moins à l'aise, puisqu'il ne sera pas du tout - à moins que vous ne soyez de ceux qui se demandent si la vie est, par elle-même, un bien inappréciable pour le pauvre comme pour le riche.

            «Mais nos autres enfants, ceux qui sont déjà là, auront la vie plus dure...» Croyez-vous? Selon renseignement des papes, ce n'est pas vrai au regard des vraies valeurs humaines.

            «Mais nous-mêmes... Nos moyens ne vont-ils pas diminuer? Notre vie va être moins agréable...?» Certes, vous travaillerez sans doute davantage (beaucoup de gens travaillent aujourd'hui très dur pour acquérir des biens terrestres); mais la raison de ce surcroît de travail diminuera-t-elle vraiment votre bonheur?

            Lorsque j'enseignais et que cette question venait sur le tapis, j'ai souvent demandé à mes étudiants de réfléchir sur un petit tableau comparatif. C'était quelque chose comme ceci:

 

                        Enfants     Voiture         TV et Magnétoscope       Vacances Étranger

Famille A              2          2 ou 3                      2/2                                  oui

Famille B              5             1                            1/0                                 jamais

            Ce tableau établi, je posais à mes étudiants la question suivante: «Quelle est la famille qui a le plus haut niveau de vie? » Ils répondaient: «La famille A, évidemment.» Je renouvelais ma question: «Laquelle de ces deux familles a le plus haut niveau de vie?» Une légère hésitation se manifestait parfois¼ , mais la réponse était la même. Je recommençais une troisième, parfois une quatrième fois. La perplexité s'installait, les hésitations devenaient plus fortes et l'un d'eux finissait par concéder : «Bien sûr, si vous admettez que les enfants font partie du niveau de vie»

            «Si vous admettez... » il est temps, vraiment, d'admettre que les enfants doivent paraître à l'actif et non au passif de nos bilans! A l'actif et au passif, dites-vous? D'accord. Comme pour votre voiture! Car une voiture est un actif et un passif. Son acquisition et son entretien coûtent cher, exigent que vous vous en occupiez et réclament votre attention: comme les enfants. Votre décision doit en tenir compte: si vous choisissez ce qui a le moins de valeur, votre «niveau de vie» baissera.

            «Qu'est-ce qui est le plus agréable?» Voilà une question assez terre à terre et qui manque d'envolée. De ce point de vue, il est vrai qu'un grand nombre de gens dépensent beaucoup de temps et d'argent pour bien jouer au golf, avoir un joli jardin, ou utiliser leur ordinateur. Ils ne ménagent pas leurs efforts, ils lisent tout ce qui concerne leur passion, sans pour autant toujours obtenir le résultat escompté.

            Ces gens ne voient pas que la paternité ou la maternité n'a pas de prix. Ils pourraient s'informer à ce sujet, il y a beaucoup d'excellents livres sur les enfants et leur éducation. Ils n'entendent pas l'appel à leur créativité dans ce qu'elle a de plus personnel, l'aventure de devenir co-créateurs...

            Il est probable que quelque part, au fond de leur cœur, ils savent qu'un enfant est vraiment un bien et un don inestimable. Mais ils ont été formés à se défier de cette évidence. Il faut les aider à reprendre confiance. Leurs meilleurs guides seront des parents qui ont choisi ce bien qui sont les enfants dans toute la plénitude des bénédictions que Dieu a accordées à leur mariage. Dans Humanae vitae, Paul VI mentionne d'abord, en effet, parmi les époux qui exercent consciemment la paternité responsable, ceux qui ont la détermination réfléchie et généreuse de faire grandir une famille nombreuse.

            Tant de familles souffrent aujourd'hui d'une privation délibérée, d'un appauvrissement volontaire qui vient du refus de la vie des fruits de l'amour conjugal!

            Cette stérilité est la conséquence de la volonté de refuser à l'amour des époux les fruits qu'il a conçus pour produire, et dont il a besoin pour se nourrir et pour survivre.

            La riche société occidentale ne risque-t-elle pas de passer à l'histoire comme une société tombée en cette déshérence où des peuples entiers ont disparu parce qu'ils rejetaient progressivement les véritables raisons que les hommes ont de vivre?